L’éducation « peut incontestablement améliorer les retombées socio-économiques des individus et renforcer le progrès social. Dans l’ensemble, les individus plus instruits sont plus susceptibles que les individus moins instruits de travailler, de s’estimer en bonne santé, de mener une vie plus saine, de participer plus activement à la vie de la société et de retirer une plus grande satisfaction de leur existence » (OCDE). Même si les liens de cause à effet sont encore mal compris, les enjeux autour de l’éducation sont extrêmement clairs et méritent la plus grande attention. Ainsi, le désintérêt pour la chose publique et l’obésité qui prennent toutes leurs places dans la société d’aujourd’hui accentuent les inégalités dans la société.
Dans ce contexte, l’éducation est un des principaux contributeurs au progrès social. Tout particulièrement, elle a le pouvoir de renforcer une série de compétences. « Les compétences cognitives importent, mais des compétences sociales et affectives, telles que la persévérance, la maîtrise de soi et la résilience, sont tout aussi importantes. Toutes ces compétences sont à renforcer pour que les individus et les sociétés prospèrent » (OCDE).
Ainsi, il s’agit de s’interroger sur certaines des composantes non-économiques du bien-être et du progrès social. Les compétences psycho-sociales, le développement d’une culture de l’initiative, de la responsabilité, de l’engagement, de l’autonomie et de la coopération semblent prioritaires pour étayer la recherche en éducation.
La santé, dans ses trois dimensions (physique, mentale et sociale), est étroitement liée au mode de vie dont les principaux facteurs sont : l’activité physique, l’alimentation, le sommeil, l’image corporelle, l’environnement social (données SES, genre, ethnicité), l’éducation, facteurs sociaux et environnementaux (lieu de vie) qui sont singuliers en Océanie. En effet, en Nouvelle-Calédonie comme dans beaucoup d’îles du Pacifique, il existe deux modes de vies différents très marqués: la vie rurale, la vie urbaine. La vie rurale correspond à la vie en « Brousse », c’est-à-dire l’ensemble des communes à l’exception de celles du « Grand Nouméa ». Elle inclut aussi la vie tribale où les populations vivent avec un mode de vie « traditionnel ». La vie urbaine, quant à elle, englobe l’ensemble des communes du « Grand Nouméa », où l’ensemble des aspects de la vie citadine se côtoient.
Le mode de vie se caractérise principalement par le manque d’activité physique et une alimentation inadaptée. Ces facteurs constituent le terreau du surpoids et de l’obésité, et favorisent ou aggravent les pathologies cardio-vasculaires ou le diabète, qui représentent respectivement 17,3 millions et 1,3 million de décès par an au niveau mondial (OMS).
L’adaptation des programmes d’éducation à la santé nécessite une prise en compte de la diversité culturelle, sociale, psychologique des adolescents de Nouvelle-Calédonie. Dans des pays proches comme la Nouvelle-Zélande, une approche communautaire de la prévention de la surcharge pondérale a déjà été proposée.
L’objet de nos travaux est donc de :
Dans le cadre d’un projet international, nous partageons avec l’Université de Sydney et la société Bepatient partenaire industriel, l’objectif de modifier les comportements des jeunes en faveur d’actions saines liées à l’alimentation et l’activité physique. Ceci à travers le défi et le jeu, et grâce à des bracelets connectés et des interfaces sur tablettes. Notre ambition est d’innover en e-santé qui implique des outils connectés au sein de l’environnement éducatif, et ainsi d’améliorer la réussite éducative des élèves grâce au développement des compétences psychosociales.
La réussite éducative est en partie liée au bien-être à l’école mais aussi à l’estime de soi. De nombreuses études suggèrent que les adolescents en surpoids, plus particulièrement les jeunes filles, sont plus susceptibles de souffrir de troubles psycho-sociaux (dépression, anxiété). Dans ce cadre, en Nouvelle-Calédonie, certaines populations d’adolescents pourraient être plus susceptibles que d’autres de souffrir de surpoids, de dépression, ce qui pourrait être une des causes de l’échec scolaire. La réussite scolaire est bien plus élevée en zone urbaine, ou le taux d’obésité est le moins important. De la même manière, une distorsion de l’image corporelle peut entraîner des souffrances psychologiques. Se sentir « trop gros » plutôt qu’être en surpoids ou obèse semble associé à des mauvaises habitudes alimentaires, mais aussi à des problèmes d’anxiété et de dépression. La prévention du surpoids dans les interventions scolaires doit donc s’attacher à ne pas stigmatiser les adolescents en surpoids ni encourager des problèmes alimentaires déjà présents (anorexie, boulimie). Des outils économétriques, en collaboration avec le Laboratoire de Recherches Juridiques et Économiques, LARJE (EA de l’UNC), doivent nous permettre d’établir des liens qui pourraient éclairer cette question et accompagner les politiques publiques dans leurs démarches.