25-Nov-2020
La conférence a permis de présenter les premiers résultats d’une enquête entreprise entre novembre 2018 et juin 2019 auprès d’élèves calédoniens scolarisés de la 6e (début du collège) à la Terminale (fin du lycée) sur la manière dont ils racontent l’histoire de leur pays. La méthodologie est inspirée par les travaux de Létourneau (2014) et une enquête internationale conduite par Lantheaume & Létourneau (2016). Elle repose sur un formulaire en quatre parties que les élèves doivent compléter. La première partie contient des éléments d’identification (nom de l’établissement scolaire, niveau de classe, sexe, tranche d’âge, identification communautaire) garantissant l’anonymat des répondants. On trouve ensuite une consigne (« Raconte, comme tu le veux, l’histoire de ton pays ») accompagnée d’un court texte explicatif (« Tu peux organiser ta réponse comme bon te semble, en insistant sur les éléments du passé que tu juges importants, sans te préoccuper de la manière dont on écrit habituellement l’histoire »). La troisième partie du formulaire invite les élèves à classer les cinq principales sources d’information qui leur ont permis de raconter l’histoire de leur pays parmi une liste à 18 entrées. Enfin, ils doivent résumer en une phrase, une expression ou un mot l’histoire de leur pays. La passation, d’une durée d’environ 45 minutes, a eu lieu en cours d’histoire-géographie en présence du professeur, qui devait insister sur le fait qu’il ne s’agissait pas d’une évaluation. La réponse attendue pouvait utiliser des éléments de l’histoire abordés en cours, mais pas nécessairement. Les élèves étaient libres de choisir le contenu et la forme (texte, dessin, frise, etc.) de leur réponse. La tâche demandée ne faisait pas suite à un enseignement spécifique assuré en amont. C’est d’ailleurs pour cela que beaucoup d’élèves ont répondu à l’enquête en février-mars 2019, au début de l’année scolaire.
Au total, 2275 récits ont été collectés (1692 au collège et 583 au lycée). Les réponses de 1129 filles, 1048 garçons et 98 individus de sexe indéterminé constituent le corpus. Cela représente environ 7,5% des élèves scolarisés de la 6e à la Terminale en 2019. L’échantillon ne peut toutefois pas être considéré comme représentatif car, si des récits proviennent de toute la Nouvelle-Calédonie, il y a peu de réponses issues d’établissements privés confessionnels, de lycées professionnels ou de certaines communes de brousse situées sur la côte Ouest de la Grande Terre. La province Sud, qui scolarise 71% des élèves, ne représente que 57% dans le corpus, contrairement à la province des îles Loyauté qui pèse 8% au total mais 19% dans l’échantillon.
Stéphane Minvielle est formateur en histoire et directeur-adjoint de l’ESPE de l’UNC. Maître de conférences en histoire, ses travaux de recherche portent sur l’histoire et son enseignement dans les pays et collectivités francophones du Pacifique.